Des compas transformés ou objets détournés de leur fonction initiale

 

Dans cette rubrique nous vous présenterons des exemples d’objets détournés de leur fonction d'origine pour être transformés en compas ou des compas classiques transformés par leurs utilisateurs.

Une pince pour électricien transformée en compas

Daniel Aubart, circinusophile était intrigué par les doubles encoches, de tailles différentes, qui se trouvent entre les branches, près de la charnière, sur l’un de ses compas. Il m’a donc fait parvenir ces clichés en me demandant si j’avais une explication.

J’ai pensé que c’était peut-être une pince transformée en compas et j’ai publié un article sur le site « outils anciens ».

Deux abonnés à ce site ont répondu et joint une photo d’une pince d’électricien qui comporte aussi de telles encoches.

Il semble donc que mon hypothèse était fondée et que le compas de Daniel Aubart est bien le fruit d’une transformation.


Voici les pinces avec ces encoches

 

Les compas de capote

 

Comme vous pouvez le constater sur le montage photographique ci-dessous qui nous a été transmis par un circinusophile cognaçais, Christian Maitreau, des compas initialement montés sur les capotes des landaus (extrait d'un catalogue Manufrance de 1931) sont transformés en instruments de traçage après quelques coups de scie et de meule ou en y ajoutant des pointes.

Voici deux photos prises par René Verstraete montrant ce compas sur un landau.

Le landau
Le landau
Détail du compas
Détail du compas

 

Voici d'autres exemples de compas de capote transformés.

Sans rien ajouter.

En forgeant la tôle constituant les branches.

En brasant des pointes à l'extrémité des branches.

En fixant un clou ordinaire à l'extrémité de chaque branche.

 


Un autre type de compas de capote de landau (ses branches sont plates et torsadées) a été reconverti en compas à pointes sèches comme vous pouvez le voir sur les photos ci-dessous.

Le landau et son compas de capote
Le landau et son compas de capote
Résultat de la transformation
Résultat de la transformation

 

Nous tenons à mettre en garde les acheteurs de compas contre des abus, en effet, nous avons remarqué que certains vendeurs annonçaient que des modèles faits à partir de compas de capote dataient du XVIIIe siècle ou étaient des pièces très rares justifiant ainsi un prix élevé.

 

Morailles ou pince transformées en compas

 

Voici la définition de ce mot tirée du "Grand dictionnaire universel du XIXe siècle" de Pierre Larousse :

 

"Sorte de tenailles avec lesquelles le maréchal pince le nez d'un cheval vicieux pour détourner sa sensibilité en le ferrant ou en lui faisant subir une opération.

Les morailles sont formées de deux tiges que l'on serre l'une contre l'autre pour produire une compression plus ou moins violente sur une partie du corps qu'on saisit entre ces tiges. Elles sont en fer ou en bois. Les morailles en fer ont l'a forme d'un compas, c'est-à-dire que les deux tiges sont réunies à charnière par une extrémité ; elles portent à l'autre extrémité, l'une, sur son bord externe, une crémaillère dentelée qui s'élargit graduellement ; l'autre, un anneau ovale qui s'accroche aux dents de la crémaillère et serre les branches à mesure qu'on le fait remonter. On fait tenir les morailles par un aide ; mais on peut s'en passer, en se contentant, pour éviter d'être atteint par l'instrument pendant les mouvements latéraux de l'animal, de comprendre la longe du licol entre les deux branches serrées sur le nez et d'attacher court ; la tête alors est tenue fixée à la longe par les morailles et ne peut plus se mouvoir."

 

 

Monsieur Catalang nous a fait parvenir un courriel documenté pour nous informer que ce que nous présentions comme des morailles étaient en réalité une pince étau pour la tôle.

Le compas ci-dessous serait donc une pince transformée.

Pour bien juger la différence existant entre ces deux instruments, vous pouvez vous rendre à cette adresse :

http://outils-anciens.xooit.fr/t1269-Morailles-ou-pas-Morailles.htm

Nous remercions notre correspondant pour son éclairage sur deux objets assez semblables. C’est à l’aide de tels connaisseurs que nous pouvons progresser et que la vérité se fait jour.

Morailles ou tord-nez
Morailles ou tord-nez
Pince à tôle
Pince à tôle
Le système de serrage à crémaillère
Le système de serrage à crémaillère
La charnière
La charnière

 

Cet instrument peut être transformé en compas en rendant l'extrémité des branches pointue et en frappant sur le rivet de la charnière pour éviter une ouverture trop facile.

Voici un compas de 45 cm fabriqué à partir d'une pince étau pour la tôle.

 

 

Un casse-noisettes devenu compas

 

Christian Maitreau, notre ami circinusophile cognaçais, nous a communiqué ce cliché sur lequel figure un compas qui a été fabriqué à partir d'un casse-noisettes ou casse-noix. Cet ensemble de trois compas était proposé sur le célèbre site de vente aux enchères "ebay".

 

L'ensemble avec le compas "casse-noisettes", à droite
L'ensemble avec le compas "casse-noisettes", à droite
Casse-noix devenu compas
Casse-noix devenu compas
Un casse-noisettes classique
Un casse-noisettes classique

 

Un coupe corne ou couteau à corne devenu un compas à pointes sèches

 

Cet ustensile était utilisé dans les campagnes pour tailler les cornes ou les sabots des animaux ; il était fabriqué par le forgeron local.

 

Comme on peut le remarquer sur cette photo, l’ustensile présente une certaine ressemblance avec un compas ancien à embrèvement.

 

En rendant pointue l’extrémité de des branches, on lui donne facilement l’aspect d’un compas et il peut même en avoir l’usage en resserrant le rivet de la charnière.

 

Celui-ci appartient à Christian Maitreau qui avait remarqué que la branche rentrante était aiguisée, ceci l’avait amené à penser qu’à l’origine il ne s’agissait pas d’un compas.

 

 

Compas fabriqués avec d’anciennes limes

 

Autrefois on ne perdait rien et les anciennes limes ou râpes, dont l’acier était d’excellente qualité, étaient parfois forgées pour fabriquer des outils tranchants, mais aussi des compas.

Voici quelques exemples :

 

 

Ce compas à pointes sèches mesure 31,7 cm de hauteur, ses deux jambes ont été confectionnées à partir de limes hors d’usage.

 

Compas de petite taille (8,4 cm) acheté à Istanbul. Les traces montrant qu’il a été fabriqué à partir de limes sont très nettes.

 

Compas pour découper dont les deux jambes mesurent 21 cm et portent des traces prouvant qu’elles ont été forgées à partir d’anciennes limes.

 

Compas d’ouverture devenu compas à pointes sèches

Le compas ouvert au maximum
Le compas ouvert au maximum
Le compas fermé
Le compas fermé

 

Ce compas à pointes sèches dont les jambes mesurent 22 cm n’était certainement pas destiné au traçage ou repérage, à l’origine.

D’après nous, il pourrait s’agir d’un compas de porte destiné à maintenir ouvert un abattant, c’était donc un objet de quincaillerie. Ce qui nous amène à formuler cette hypothèse c’est la présence de la barre pliable entre les jambes. Celle-ci limite l’ouverture à 90 degrés et quand elle est dépliée complètement, il faut intervenir sur elle pour refermer le compas. D’autre part, l’extrémité des jambes a été rendue pointue par meulage ou forgeage.

Si un visiteur peut nous renseigner sur le compas d’origine en fournissant une photo de l’objet ou la reproduction d’un catalogue, cela pourrait nous aider.